La crise des médicaments au Canada 

Les statistiques dressent un tableau sombre : la moitié des Canadiennes et Canadiens vivent d’un chèque de paie à l’autre. Sept millions et demi de personnes – plus de trois fois la population des provinces de l’Atlantique – n’ont pas accès aux médicaments dont elles ont besoin.    

Imaginez que vous soyez obligé de choisir entre vous procurer un médicament ou mettre de la nourriture sur la table. 

C’est une réalité pour plus d’un quart des Canadiennes et Canadiens qui réduisent leurs dépenses d’épicerie, retardent le paiement de leurs factures, de leur loyer ou de leur hypothèque, voire s’endettent pour pouvoir s’offrir les médicaments dont ils ont besoin pour rester en bonne santé.  

Près d’un quart des Canadiennes et Canadiens fractionnent leurs pilules, sautent des doses ou renoncent carrément à se faire prescrire des médicaments en raison de leur coût.  

Assez, c’est assez. 

Un système disparate 

Les hôpitaux offrent une couverture universelle des médicaments sur ordonnance, mais à l’extérieur de l’hôpital, la couverture est fragmentée, avec plus de 100 régimes publics et 113 000 régimes privés.    

Le gouvernement fédéral couvre les Forces armées, la GRC, les anciens combattants et les populations autochtones, tandis que la plupart des provinces et des territoires subventionnent les médicaments des personnes âgées et des bénéficiaires de l’aide sociale, et offrent une couverture de médicaments onéreux aux personnes dont les frais médicaux sont astronomiques. Mais qu’en est-il de tous les autres?  

Les femmes, les jeunes travailleuses et travailleurs, les personnes racialisées, les migrants et les personnes âgées ont moins de chance de bénéficier de la couverture dont ils ont besoin. Et pour de nombreux membres de la communauté 2SLGBTQI+, la discrimination sur le marché du travail signifie qu’ils n’ont pas accès à de bons emplois assortis d’une assurance-médicaments complète.    

Même ceux qui bénéficient d’un régime d’assurance-médicaments doivent faire face à une augmentation des quotes-parts et des franchises à payer.    

Il n’est pas surprenant qu’une majorité écrasante de 9 personnes sur 10 au Canada soit favorable à un régime public universel d’assurance-médicaments. Il est maintenant temps de faire de l’assurance-médicaments une réalité. 

Vers un régime universel d’assurance-médicaments 

Les travailleuses et travailleurs et leurs syndicats ont été les premiers à plaider en faveur de médicaments abordables pour tous. Aujourd’hui, le Canada progresse vers un régime d’assurance-médicaments universel et à payeur unique.    

En février 2024, le gouvernement a présenté le projet de loi C-64, Loi concernant l’assurance-médicaments. Cette loi pourrait permettre à des millions de personnes d’économiser jusqu’à 1 700 dollars par an pour les médicaments contre le diabète et jusqu’à 300 dollars par an pour les contraceptifs.   

La Loi concernant l’assurance-médicaments représente la plus grande amélioration apportée à notre système de santé depuis l’introduction du système de santé public, mais ce n’est qu’une première étape.  

Nous devons continuer à faire pression pour obtenir un régime d’assurance-médicaments véritablement universel et à payeur unique, comme l’a recommandé le Conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance-médicaments, dirigé par l’ancien ministre de la Santé de l’Ontario, le Dr Eric Hoskins.  

Grâce au pouvoir d’achat en gros, l’assurance-médicaments universelle peut rendre la vie plus abordable et offrir un accès équitable aux médicaments à toute la population canadienne.  

Remettre de l’argent dans les poches des travailleuses et travailleurs   

Le Canada est le seul pays développé dont le régime de soins de santé universel n’inclut pas un régime public universel d’assurance-médicaments. Notre approche actuelle est inefficace et coûteuse. Elle profite aux sociétés pharmaceutiques et aux compagnies d’assurance privées, tandis que les citoyens paient la facture.    

Un régime public universel d’assurance-médicaments n’est pas qu’une question de politique : il vise à protéger notre santé. Un régime universel d’assurance-médicaments stimulera également notre économie, ce qui est bon pour tout le monde. 

Un régime universel d’assurance-médicaments coûtera 15,3 milliards de dollars par an et :    

Un régime public universel d’assurance-médicaments permettra également aux entreprises et aux employeurs d’économiser 16,6 milliards de dollars – des économies qui pourront être réinvesties dans l’innovation et la technologie, la formation professionnelle et de meilleures retombées pour les travailleuses et travailleurs. C’est une question de bon sens.